L'Auberge "Aux Armes de Nhale"

Il s'agit de l'auberge la plus fameuse du Quartier Historique. Spacieuse, à la décoration conventionelle mais soignée, elle est prisée de bon nombre de voyageurs de passage. Elle est notamment réputée pour ses bons prix, ses chambres et sa nourriture de qualité.

PLAN A VENIR.

PNJs:
Nayrond Trodell, tenancier de l'auberge
Jahina, serveuse
Lenhri, serveuse
Priscilla, serveuse
Nayru, serveuse à mi temps et servante pour le ménage des chambres et service des clients
Johnrod Trodell, fils du tenancier et responsable des écuries
Salina Trodell, femme du tenancier et cuisinière de l'auberge

Tarifs:
1 boisson non alcoolisée: 1 aurel
1 boisson alcoolisée: 2 aurels
1 boisson de haute qualité: 5 aurels
1 plat: 4 aurels
1 plat copieux: 5 aurels
1 chambre bas prix: 5 aurels
1 chambre: 10 aurels (service compris)
1 chambre de luxe: 15 aurels (service compris)

L'Auberge n'était pas loin de la ruelle d'où ils venaient, il ne fallut que quelques minutes de marche durant lesquelles ils ne croisèrent que quelques rares passants, certains se hâtant pour échapper à la pluie imminente.

Arrivés devant la vieille enseigne, souvenir d'un passé jadis plus heureux pour la ville, Fael leva la tête avant de jeter un œil en coin au bâtiment. Finalement, elle se décida à rentrer quand les premières gouttes effleurèrent son front.

La porte grinça quand elle la poussa, l'autre main avec le pouce toujours la poche. Puis elle garda celle-ci ouverte pour Azalée.

-Après toi, mon garçon, fit elle avec un sourire en coin.

Elle la referma ensuite derrière lui. Il y avait beaucoup de monde à cette heure ci, midi passé avec la pluie dehors... C'était la combinaison rêvée pour tout aubergiste ou barman. Fael balaya la pièce du regard tout en se dirigeant vers le comptoir. Évidemment, sa tenue vestimentaire et sa dégaine devaient sans douter attirer l'attention. Mais elle avait pris l'habitude, la provocation était devenue comme une seconde nature chez elle. C'était d'ailleurs un de ses rares plaisirs.

-Un verre d'eau pour moi et un plat sur mon compte pour le petit là, fit elle après s'être assis et en désignant Azalée d'un doigt, l'autre bras sur le comptoir.

Elle tourna alors la tête vers l'Incarné d'un air nonchalant.

-Je suppose que tu ne sais pas encore tes préférences alimentaires...?

La main tendu devant lui, le Sidh s’émerveillait devant cette chose qu’on appelait pluie. Il en avait vu que très rarement et il ignorait si ce qu’il ressentait alors devant cette eau venu du ciel était normal ou non. Il avait mit un moment avant de la remarquer et à vrai dire, il ne s’en étonna pas. Pas plus que la fraîcheur qui s’élevait désormais du sol. C’était…Magique ? Il garda cependant sa réserve, évitant de paraître surprit à la moindre petite chose qu’il découvrait, même si cela le distrayait de sa douleur. Il n’aurait pas fini de disparaître si cela devait arriver.

Il passa sa main dans ses cheveux en soupirant alors qu’ils passaient la porte d’une auberge. Le monde qu’il y avait été impressionnant. Mais la chose la plus impressionnante et qu’ils avaient tous un visage…Sans vraiment en avoir un. C’était…Une foule d’anonyme. Aucun d’entre eux ne sortait réellement de l’ordinaire. Ils étaient tous d’un fade lui rappelant son…Enfance…Qu’ils en aient un ou pas n’aurait pas changé grand-chose à l’affaire. Mais peut être était-ce une bonne chose qui les gardent…Cela les rendaient moins…Effrayant. Encore qu’il s’y était habitué…C’était une nouvelle sensation…De nouveaux sentiments qu’il devait prendre en compte.

Il suivit la jeune femme jusqu’au comptoir et s’y installa, regardant autour de lui. L’endroit en lui-même ne payait pas de mine. C’était très différent là aussi de l’architecture qu’il avait connu. C’était moins...Ou peut être plus…Enfin c’était assez conventionnel mais il y avait cette impression qu’on avait rajouté certaine chose au fur et à mesure sans se soucier du reste, provoquant un millefeuille chaotique.

Il put sentir un regard sur sa nuque…Et pas qu’un seul. Quelques clients regardèrent dans sa direction et plus encore deux serveuses semblaient murmurer quelque chose à son propos. Il regarda Fael un moment, se demandant si c’était normal mais elle passait surtout sa commande.

-Je suppose que tu ne sais pas encore tes préférences alimentaires...?

Question qui eut le mérite de lui faire hausser un sourcil.

- Je ne suis même pas certain de pouvoir avaler quoique ce soit.

Azalée tourna la tête autour de lui, légèrement attiré par la cuisine.

- Mais je crois qu’il y a quelque chose pour moi là bas. C’est très faible, mais je pense que cela pourrait me convenir.

Une femme arriva, lui servant un sourire et un clin d’œil, déposant une assiette devant lui.

Il la regarda s’éloigner avant de baisser son regard sur la nourriture. Cela n’avait rien de glorieux et en rien comparable à ce qu’il avait pu voir. Mais cela paraissait assez honnête pour être ingurgité. Il prit la fourchette et attaqua le plat. A peine la première bouché avalé…Il put sentir que quelque chose n’allait pas. Il tourna la tête vers Fael, l’air légèrement déprimé ou désolé…

- Je…

Il se racla la gorge…

- Ca…Ira pas…Je peux avaler ce truc mais ca va pas me nourrir, j’en suis certain.

Il soupira et posa son coude sur la table pour de sa main soutenir sa joue. Au moins, au centre des regards, il se sentait un peu plus stable…C’était déjà cela de prix.

- Vous avez des questions je suppose ?

Fael remercia le tenancier quand celui ci lui servit son verre d'eau. Elle l'avala doucement en attendant que la commande d'Azalée n'arrive. Reposant le verre vide devant elle, elle se tourna vers ce dernier qui avalait sa première bouchée.

-Ca…Ira pas…Je peux avaler ce truc mais ca va pas me nourrir, j’en suis certain.
-Hm...

Cela ne l'étonnait pas vraiment quelque part. Posant son coude sur le comptoir, elle posa sa joue sur son poing en regardant l'Incarné.

-C'est vrai qu'on ne sait pas vraiment comment tu "fonctionnes" si tu me permets l'expression. Quant à des questions...

Elle eut un rire bref et contenu avec un sourire ironique en coin.

-C'est amusant que tu me dises ça, je me demandais si tu allais avoir les réponses. Mais il t'en manque une paire à ce que je vois. On peut néanmoins commencer par le commencement... Ta sortie. Mais quelque chose me dit que ça a un rapport avec la boîte à musique, est ce que je suppose juste? dit elle sans se départir de son sourire.

L’incarnation essaya d’avaler une autre bouchée…Sans que cela ne lui fasse d’autre effet…Il avait l’impression qu’il n’avait rien en bouche et que la nourriture ne tombait nulle part. Un puits sans fond, voilà ce qu’il était. Ou peut être était il plus juste de dire qu’il pouvait éternellement être remplit…Emotion, nourriture, vision…Une question qui méritait d’être creusée. En vérité, observer et apprendre était la chose qu’il avait fait le mieux ces dernières années…Observer la démence des autres pour essayer de se construire une personnalité.

Il posa un coude sur la table en soupirant. Au moins ici, il avait moins de mal à parler…Peut être était ce du à tout ce monde autour d’eux mais il sentait beaucoup moins la douleur…Elle était…Plus supportable.

- C’est injuste, quand tu es arrivée là bas tu ne savais pas comment cela fonctionnait toi aussi. C’est juste qu’ici les règles sont différentes.

Il regarda sa main, la serrant puis relâchant la pression comme pour se convaincre qu’elle était bien réelle.

- C’est plus complexe que de parler simplement de boîte. Mais effectivement, c’est lié. Cette Nemsys à été construite autour de cette boîte…Autour de ce seul souvenir auquel se sont greffé d’autres…C’était comme le pilier porteur d’une maison et en le retirant, tout c’est effondré. Cependant, je ne suis pas un souvenir…Encore moins un être vivant…Je suis un paradoxe…Je suis et en même temps je ne suis pas…

Il eut un sourire en coin.

- Créé à la frontière entre la folie et la raison. Si la folie m’a engendrée, elle ne m’a donnée aucune forme. Pour elle, exister ne requière pas de forme…D’où les infinités de mutations que tu trouve là bas…Mais si ce monde est raison…Elle ne sait pas comment me traiter. Je suis une anomalie pour elle et pourtant je suis bien là. Alors quand la zone c’est effondré sur elle-même, elle a essayé de trouver un moyen de me convertir en une forme qu’elle puisse expliquer. Mais elle ne savait pas comment m’intégrer…Pour elle, je n’étais qu’un désir et un souvenir…J’ai été intégré à la boîte…Quand tu l’a ouverte, tu ne voulais pas spécialement me voir…Mais quand Graccio l’a fait, lui s’attendait à voir quelqu’un. Alors ce monde a trouvé comment m’intégrer…

Il écarta les bras, l’air complètement détaché.

- Enfin…C’est qu’une hypothèse. J’ai pas la science infuse mais j’ai bien observé la zone tampon et j’ai vu les diverses influences. C’est comme ça que j’ai pu commencer à me donner une forme. C’est fou ce que tu peux faire quand tu as du temps devant toi…

La joue toujours légèrement posée sur son poing, coude sur le comptoir, elle écouta Azalée exposer son hypothèse avec un air posé. Mais quand il eut fini, elle haussa un sourcil pour le moins perplexe.

De toutes les choses les plus improbables que j'avais pu rencontré jusqu'ici, je devais dire que celle-ci était dans les sommets. Je me retrouvais donc avec un ersatz d'être vivant affamé sur les bras, et je n'étais pas certaine de vouloir savoir de quoi il pouvait bien se nourrir.

-C'est une explication qui peut tenir la route, mais sans preuves concrètes et sans connaissance réelle des Confins, cela reste une hypothèse. Mais pour avoir constater sous mes doigts que quelque chose clochait avec toi, je veux bien croire que tu ais des soucis existentiels...

Elle reposa alors son bras sur le comptoir, l'autre main indiquant le chiffre deux avant d'esquisser un léger sourire indéfinissable.

-... Que ce soit dans les deux sens, fit elle en rabaissant sa main. Enfin, je comprends peut-être mieux certaines choses. Mais le plus important pour le moment, c'est de savoir exactement, hm... Ce qui te substante. Et vu qu'on manque d'informations valides à ton propos, cela risque d'être assez difficile.

Sans blague, ma belle, tu n'as aucune idée au fond de ce que c'est. Et les experts de ce côté ne courent pas les rues. La moindre erreur de recherche, ce serait comme le livrer en pâture aux agents de l'Officionatum.

Fael jeta un œil sur le côté, légèrement ennuyée par ce fait.

Pendant que la mercenaire parlait, une faible odeur commença titiller les narines d'Azalée. Pas vraiment une odeur en fait, plus comme une sensation agréable qui alléchait déjà ses papilles gustatives et qui rendait fébrile ses doigts. Ses sens aux aguets, il parvint à repérer la source qui semblait se trouver dans le stockeur de son interlocutrice...


Jet de Détection opposé à SD de 50

Azalée: 100 (+5, Faim, +0 de Détection= 105) = 55 (succès critique)

L’incarnation regarda le plat en haussant les épaules

- Je pourrais étudier le problème…Après tout j’ai tout le temps qu’il me faut…Enfin…J’espère. J’ignore combien de temps je peux espérer survivre. Mais…Je pense que cela pourrait faire un passe temps convenable d’étudier les mystères de Srylan…La Res…Les confins…

Il joua un moment avec sa fourchette, l’air pensif.

- Il faut de toute façon que je trouve un moyen de survivre ici.

Il allait rajouter quelque chose quand son odorat détecta quelque chose. Enfin…Pas vraiment une odeur. Une sensation plaisante plutôt. Quelque chose de…Délicieux ? Son ventre gargouilla à nouveau alors qu’il cherchait à déterminer son origine. Cependant, il ne tarda pas à comprendre qu’il s’agissait de quelque chose dans le stocker de Fael.

- Tu…As quelque chose d’inhabituel dans ce stocker ? Pas de nourriture ? Il y a quelque chose dedans qui m’attire…Quelque chose d’assez fort qui semblerait pouvoir me contenter.

Il avait du mal à ne pas avoir l'eau à la bouche en disant cela...

-Vaste projet... fit elle évasivement à sa première phrase.

Découvrir le mystère des Confins et de la Res, combien d'imbéciles n'avaient pas tentés? Même si la mercenaire ne reniait pas une certaine curiosité à ce propos, elle n'avait jamais réfléchi sérieusement à la question. A dire vrai, elle ne s'était pas vraiment fixer un objectif sur le long terme.

Une lame dérivant dans le courant. Je pense que c'est ce qui me caractérise pour l'instant.

Évidemment, elle avait soif de plus. Elle était avide de quelque chose dont elle n'avait pas encore idée. C'était peut-être cela le plus frustrant, ne pas savoir et en avoir tout de même envie.

-Tu… As quelque chose d’inhabituel dans ce stocker ? Pas de nourriture ? Il y a quelque chose dedans qui m’attire…Quelque chose d’assez fort qui semblerait pouvoir me contenter.
-Hmm...?

Même si cela l'étonnait un peu qu'Azalée connaisse déjà ce terme, la question la fit réfléchir. Quelque chose d'inhabituel, mais qui n'était pas de la nourriture traditionnelle... Posant une main sur son menton, elle leva un peu les yeux au ciel.

A part mon argent, mes vêtements et mes arm...

Elle eut le déclic, puis elle passa une main devant la pierre du stockeur. Celui-ci lui jeta dedans quelques pastilles luminescentes.

-Les restes de mon ancien Catalyseur... fit elle en baissant largement d'un ton.

Fael s'abstint de l'exposer devant tout le monde en fermant les doigts sur le précieux contenu. Elle lui demanda alors nonchalamment.

-Tends la main.

Quand celui-ci lui tendit, elle posa à l'intérieur les cinq cellules d'énergie qui lui restaient avant de refermer les doigts de l'Incarnation. Si Azalée savait qu'il tenait une petite fortune entre les mains... Mais ce n'était certainement pas Fael qui allait le lui dire.

-Évites d'exposer ça à tout le monde, petit, je n'aimerai pas avoir des ennuis... dit elle d'un léger mouvement de menton envers sa main.

Azalée regarda Fael porter la main à sa ceinture…Il l’avait déjà vu une fois en action…Et bien avant, il avait vu d’autres aventuriers faire la même chose et appeler cela un Stockeur…Cependant, c’était la première fois qu’il voyait les pierres luminescentes…Et la première fois qu’il entendait parler de Catalyseur. Cependant ces quelques questions s’effacèrent un moment quand Fael lui prit la main. Va savoir pourquoi, il se sentit…Beaucoup mieux…Plus serein…Il rougit sans le vouloir avant de tousser pour cacher sa gêne et regarder au creux de sa main…

« Catalyseur ? »

Il essaya de fouiller sa mémoire…Si les bandits qui se perdaient souvent dans Nemsys avait du matériel incongru, il devait avouer que cela ne ressemblait à rien de connu. Il passa son pouce dessus, l’air dubitatif et pourtant l’eau à la bouche. Il essaya d’analyser ce qu’il voyait…A voir Fael agir de la sorte, cela devait être illégal…Mais pas trop dangereux pour qu’elle décide de prendre le risque de les sortir ici et maintenant.

« A quoi sert un catalyseur ? Qu'est ce que ces pierres ?»

Cela n’avait pas l’air d’une arme…Pourtant cela irradiait d’une certaine énergie. C’était vraiment délicieux rien qu’à le regarder…Etait ce la chose qu’il devait ingérer ? Comment devait il s’y prendre ? Il regarda discrètement autour de lui, vérifiant que personne ne le regardait pour tenter sa chance avec l’une de pierre…

Fael ne sembla pas noter la gène d'Azalée, à moins qu'elle ne voulut pas la souligner volontairement. Elle se contentait de l'observer en train d'analyser ce qu'elle venait de lui donner. Puis, quand il tenta sa chance avec l'une des cellules après lui avoir poser des questions, elle vérifia nonchalamment si personne ne les observait ou les écoutait. Une fois assurée de la sécurité des environs, elle entreprit de lui répondre de la façon la plus discrète possible.

-Tu sembles déjà connaître la Res, mon garçon. Mais si, dans les Confins, tu n'as pu l'observer que via ta "mère" de façon indirecte, elle est utilisée de façon différente ici. Nous sommes obligés d'avoir des objets qui nous permettent de faire appel à elle. Ces objets sont les Catalyseurs. Mais comme certains objets, ils nécessitent une énergie pour fonctionner, des... "munitions". En tout cas, c'est une image qui me plaît pour définir les cellules d'énergie que tu tiens. Ceux pourvu de Catalyseurs sont appelés des Incarnistes. J'en avais un, dans le temps, mais il a été détruit... Ce que tu tiens sont les cellules qui me restaient. Posséder ce genre de bien est évidemment illégal.

Elle se massa ensuite un peu le cou d'une main en continuant, son coude toujours posé sur le comptoir, l'air un peu plus évasif.

-Tu étais peut-être encore tranquille dans ta Zone mais les règles ne sont pas les mêmes dans ce monde. Les Sidhes existent, des gens mutent... Mais on ne veut pas que ça se voit. Ce "on", c'est l'Officionatum, une organisation de l'Ombre qui s'occupe de faire disparaître tout ce qui ne correspond pas à leur définition de la normalité. Et encore, s'il n'y avait qu'eux pour faire ce genre de boulot... Il existe bien des groupuscules "zélés" qui ne demandent qu'à les aider dans leur croisade. Mieux vaut ne pas les sous estimer et rester discret, si tu vois ce que je veux dire. Donc, tu n'es pas un être des Confins, tu n'as jamais vu ces cellules d'énergie et tu n'as jamais su ce qu'est un Catalyseur. Je me suis bien fait comprendre?

Le Sidh hocha la tête l'air de rien...L'air un peu ailleurs. Pour le moment, il intégrait tout ce qu'on lui disait...Il n'y avait pas grand chose à dire...Il trouvait cela relativement normal que dans un système donné, des gens n'aiment pas le changement apporté dans leur vie. Ils ont peur de quitter tout ce qu'ils ont connut pour un hypothétique gain. Même si leurs vies actuelles ne leur conviennent pas, cela leur suffit.

Il devait simplement retenir que des gens se battaient pour que les choses restent ainsi.

Mais ces histoires de mutation étaient pour le moins intéressante. Il n'avait jamais vraiment pu voir les choses ainsi. Ce que Fael semblait désigner comme anormal, Azalée les considérait comme son lot quotidien. A quoi était ce donc dut ? A l'influence de la Res ? Peut être des confins ? Oh il y avait tellement de question et si peu de réponse. Et s'il avait bien comprit l'affaire, on lui mettrait forcement des bâtons dans les roues s'il cherchait à aller plus loin dans les explications.

Cependant...C'était assez étrange. On considérait les "mutations" comme une maladie à laquelle on s'évertuait de couper court en éliminant les Sidhes...Ce qui n'empêchait pas de nouveau cas...Est ce que cela voulait dire que les dirigeants de ces organisations étaient des idiots...A moins que les directeurs se gardent bien de dire qu'ils font des expériences pour déterminer l'origine de ces mutations ? Ce qui voudrait dire qu'il terminerait probablement en temps que rat de laboratoire s'il ne trouvait pas un moyen de se protéger.

- Je comprend...

Il mit les pierres dans sa poche pour éviter d'avoir à les exposer à nouveau en les rendant à Fael.

- Je te les rendrais quand on sera dans un endroit plus discret.

Et après ? Qu'allait il faire ? Il avait besoin d'un endroit où dormir, où réfléchir...De subvenir à ses besoins dans un monde qu'il ne connaissait pas vraiment...De se protéger...Cela faisait beaucoup en quelques minutes.

- Est ce que...Je sais que j'abuse un peu mais...Tu aurais une idée sur quoi faire en suite ? J'avoue que...Je suis légèrement paumé...

Il essaya de sourire...Mais c'était a l'évidence loin d'être un sourire rassuré...

Fael le laissa intégrer les informations en regardant la salle avec un air désintéressé.

-Je te les rendrais quand on sera dans un endroit plus discret.

A cette phrase, elle fit un léger geste de refus.

-Garde les... Apparemment, c'est ce qui te nourrit et je ne compte pas de toutes façons essayer de me procurer un Catalyseur de sitôt.

Puis, à la seconde, elle ferma momentanément les yeux.

-Est ce que...Je sais que j'abuse un peu mais...Tu aurais une idée sur quoi faire en suite ? J'avoue que... Je suis légèrement paumé...

Je le savais...

Le principe voudrait qu'elle lui apprenne les rudiments de la survie dans Srylan, mais l'idée ne l'enchantait pas des masses. Déjà, elle ne s'estimait pas comme un exemple à suivre. Ensuite, après l'épisode de Lifh, elle préférait rester seule et de se tenir à distance de toute relation à peu près soutenue.

Enfin, rien ne m'empêche de lui dire l'essentiel. Il saura bien se débrouiller après.

Elle le regarda en coin avec un sourcil légèrement haussé. Azalée tenait davantage du gars fragile, à tendance efféminé, qui risquait plus de se faire bouffer dans un coin de ruelle qu'autre chose. Elle regarda à nouveau droit devant elle.

Mouai, ce n'est pas gagné...

-Cela dépend... Il faudrait que tu trouves de l'argent, donc un travail, quelque chose que tu sais faire et qui pourrait se vendre. En attendant, tu peux faire comme moi, dormir dans les auberges ou les hôtels pas trop chers avant de pouvoir te prendre ton propre appartement. Il te faudra aussi un revendeur de produits rares pour te fournir ta nourriture. Ce genre de marchand "particulier" se retrouve plutôt vers les Bas Fonds de la Cité. J'en ai connu un à Metranim et il m'a dit qu'il monterait à Nhale. Il s'appelle Mélior. Si jamais tu venais à le rencontrer, tu lui parleras de moi, il te fera peut-être un prix mais vu l'animal, cela m'étonnerait.

Elle se tourna alors vers Azalée en réajustant son coude sur le comptoir.

-Je veux bien t'aider et te fournir un peu d'argent de départ mais nos chemins se sépareront après, fit elle l'air impassible.

L'air de rien, Azalée analysait tout ce que Fael disait...Son ton...Sa manière de se comporter. Même si elle cachait son jeu, ces dernières paroles laissaient entendre que sa compagnie ne lui plaisait pas. Elle devait donc avoir un certain sens du devoir, une certaine gentillesse profondément ancrée en elle et contre laquelle elle ne pouvait rien. Cependant, l'information qui l'intéressait vraiment était de savoir si elle ne le supportait lui pour une raison ou pour une autre....Voir si ce n'était pas lié à un évènement en particulier.

Il sourit légèrement en remarquant sa manière de l'observer...Il avait peut être trouvé une vocation. Cependant, il aurait besoin de temps et de matière première...

- Pourquoi pas...

Il fit mine de réfléchir...Sa spécialité consistait à analyser les choses et les personnalités. C'était son unique passe temps dans la zone...Alors pourquoi ne pas en faire une spécialité ?

- Je sais disparaitre sans laisser de trace et réapparaitre dans des endroits que vous n'aimeriez pas. Pourquoi ne pas devenir une sorte d'espion...Ou de détective peut être ? Ou de diplomate...Je pourrais aussi me lancer dans ce commerce d'objet exotique.

Mais avant toute chose, il avait besoin de se faire les griffes et d'avoir de solide acquit.

- Peut être pourrais je travailler un temps dans une sorte de librairie avec un fond de commerce exotique...Ne serait ce qu'en terme de livre au savoir caché ? Cela pourrait être je pense un bon début. A moins que vous n'ayez une meilleure planque à me proposer ?

Une question de pure forme...Ce qu'il voulait plutôt, c'était de savoir jusqu'où s'étendait les connaissances de Fael. Un marchant de catalyseur était une chose...Peut être est ce que cela montait un peu plus haut ?

Espion... Ce n'était pas que Fael reniait sa propre curiosité, parfois dénuée de tact, mais ce simple mot rimait avec beaucoup de termes qui étaient loin de lui plaire. La duplicité alliée à la sournoiserie, des êtres sans scrupules capables d'arracher les informations les mieux cachées avec des gants de velours, comme le disait l'expression: "On n'apprécie pas ce qu'on voudrait pas qu'on subisse". Fael était de ces gens qui préféraient enterrer leur passé pour se tourner vers l'avenir. L'idée de "fossoyeurs" capables de le faire lui était désagréable au plus haut point.

Néanmoins, elle eut un sourire en coin en pensant à quelques points sur les vocations émises par Azalée, sourire qui fut justifié par les propos suivants.

-Navrée de te dire ça, petit mais pour entreprendre une vocation d'espion et de détective, la simple capacité de disparaître ne suffit pas. Ce sont des métiers dangereux et vu ta carrure...

Elle laissa sa phrase en suspens, estimant que le mot parlait de lui-même. La mercenaire entreprit ensuite de répondre au reste de ses suggestions hasardeuses.

-Marchand et libraire... ce ne sont pas des carrières où je m'y connais mais elles seraient peut-être plus appropriées. Par contre, pour ce que tu comptes en faire, l'aspect "objets et livres particuliers", ce sont des produits illégaux. Il te faudrait frayer avec les structures les plus basses et cachées de la société, et ce ne serait pas quelque chose que je te souhaite. Le danger y serait aussi semblable que si tu avais voulu faire détective ou espion, fit elle en appuyant son terme en simulant une gorge coupée d'un doigt. Et je ne parle pas seulement de l'Officionatum... Mais je crois que tu vas y être légèrement obligé vu ta façon de te nourrir. Le seul conseil que je pourrai te donner, c'est de te trouver un métier clean, sous l'égide d'un maître qui t'apprendra ce qu'il sait. Quand tu seras indépendant et que tu auras suffisamment d'économie, tu pourras engager quelqu'un qui te fournira les cellules nécessaires et qui sait au moins se battre.

Vie calme et paisible, c'était un peu ce qu'elle souhaitait à tout le monde. Paradoxalement, ça ne s'appliquait pas étrangement à elle...

C'était un conseil sage et probablement judicieux...Seulement cela s'appliquait à des gens "normaux". Il doutait clairement que des gens "clean" arrivent à se payer les jouets qu'il avait dans sa poche. Oh, il semblait clair qu'il n'avait pas la carrure d'un homme de combat...Mais en même temps, un type de son espèce devait exceller dans un domaine. Il n'avait qu'à faire attention de ne pas être un première ligne...

- Je comprend...

Elle semblait vouloir...Non...Elle tenait à ce qu'il vive une vie normale. Assez ironique quand on sait d'où il vient et qui en parlait. Il lui paraissait de plus en plus clair qu'elle avait une sacrée blessure intérieure...Probablement un échec...Et s'il devait prendre les paris sur la situation la plus probable...Non...Il le gardait pour lui. Ce ne serait pas amusant de parier tout de suite...Mais c'était quelque chose qu'il garderait dans les cartons pour plus tard.

Cependant, elle avait raison sur un point...Il lui faudrait l'aide d'une personne chevronné au début...Ou du moins, se constituer rapidement d'un réseau d'information viable qui lui servirait de base pour pécher des informations plus haut. Une couverture lui serait utile...Pourquoi pas la librairie ? Il pourrait même pousser le vice à choisir une activité illégale pour donner le change et penser que ses intérêts sont là...Mais cela demandait du temps et du personnel. Il devrait viser petit pour le moment...Ou s'attaquer à une petite structure.

- Je verrais ce que je peux faire vis à vis des libraires...Tu pense que je pourrais commencer où ?

Pendant ce temps, le bruit de la pluie en dehors semblait s'atténuer doucement. Fael profita de ce moment d'accalmie, simulant la réflexion pour jeter un œil discret à l'horloge qui indiquait 12:20. Curieusement, elle n'avait pas faim elle-même. Il fallait dire qu'elle avait mangé assez tard dans la matinée.

Suite à cette pensée, elle revint sur les différents balancements d'Azalée entre le "vous" et le "tu". Comme s'il ne parvenait pas à trouver un équilibre entre lui parler aussi familièrement qu'elle, ou maintenir la distance qu'elle avait soigneusement brodé. Ce fait l'amusa mais ne la surprit pas. Les gens étaient souvent déstabilisés devant l'attitude de la mercenaire qui ne laissait rien au hasard. On ne pouvait pas la trouver sympathique. Avenante peut-être, posée sans aucun doute mais jamais plus loin. Et cela lui plaisait de voir le malaise poindre dans ses interlocuteurs, les voir chercher où se situait le problème chez elle qu'ils ne pouvaient pas identifier. Alors qu'au fond, elle ne faisait pas grand chose. Juste être elle-même.

-Des libraires...

Elle se mit enfin à réfléchir à la question. Elle releva donc un peu la tête, en posant le dos de son index sur ses lèvres. Des livres... Elle en empruntait régulièrement, mais dans les grandes bibliothèques. Une fois lus, elle les rendait dans les jours suivants. Fael ne s'encombrait jamais de livres, ou d'affaires superflus dans son stockeur.

-Désolée, petit. Mon domaine de connaissances se situe surtout dans tout ce qui concerne les armes, le combat, le mercenariat, ce genre de joyeusetés... fit elle en secouant légèrement la main. Il va falloir te débrouiller pour le reste, mais cela ne devrait pas être insurmontable.

Elle fouilla alors dans son stockeur, essayant discrètement de répartir son argent dans son ancienne bourse. Elle tendit ensuite cette dernière, sous le couvert du comptoir.

-Tiens, ranges la soigneusement et veilles à ce que personne ne la voit. Il y a trois cents aurels dedans, cela devrait te permettre de bien vivre pendant quelques temps.

Une fois qu'il l'eut prise, elle se redressa un peu avec un autre sourire en coin.

-Après tout, c'est un peu grâce à toi que je l'ai gagné. Cette part te revient donc légitiment.

Légitimement ? Voilà une drôle de notion...Rien n'était acquit dans la vie...La notion de droit était une chose bien étrange. Mais cela semblait bien être une chose en quoi la jeune femme croyait. Autant ne pas la contrarier...Pour lui, les pierres lui suffisaient largement. Cela lui aurait évité quelques ennuis futurs...Cependant, cela ne réglait pas ses soucis.

Et puis...Autre chose le tourmentait en prenant la bourse...Alors qu'il la cachait dans sa veste, les paroles de Fael raisonnait comme un adieu...Bientôt elle partirait et il n'était pas certain de la revoir un jour. Cette pensée était étrange...Il ne tenait pas particulièrement à elle...Il ne la connaissait que depuis peu...Cependant, elle lui était sympathique. Drôle était le terme qu'il avait le tête...Il revoyait encore la version miniature courir dans les couloirs du palais.

- Ce n'est pas un soucis. Je suis certain que je pourrais me débrouiller.

Il ne savait pas vraiment encore quoi faire. Tout ces projets n'étaient que vague présomption...Il devrait prendre le temps de réfléchir à tout cela.

- Cependant, je pense que je ne serais pas difficile à trouver alors si tu as besoin de quelque chose dans le futur, je pourrais toujours essayer d'aider à ma manière...Même si tu ne semble pas être très disposé à me faire confiance en la matière.

Il eut un léger sourire avant de s'étonner en silence...Avait il tutoyé ? Depuis combien de temps ? Il se frotta la tête...Puis haussa mentalement des épaules. Un esprit aussi chaotique que le sien n'était pas sujet à ce genre de considération. Cela devait être laissé au temps...Et du temps, il en aurait beaucoup...

- Je pense qu'ouvrir un livre est à ma portée après tout. A moins que tu ne désire plus me rencontrer à l'avenir ?

Il semblait confiant, trop confiant même en ses capacités. Il lui rappelait elle, étant jeune.

La vie se chargerait de briser ses illusions. Après tout, j'avais devant moi une sorte de nouveau-né. Pourtant, je m'aperçus que je me souciais davantage de lui, avec cette sale intuition qui me collait à la peau depuis que je faisais ce métier. Je me disais au début qu'il avait peut-être une chance de réchapper au monde funeste dans lequel je vivais, jour après jour. Mais j'avais devant moi un ambitieux. La lueur dans ses yeux, ses propos et ce sourire en coin me le firent soudainement comprendre. Mes gestes ou mes paroles n'avaient aucune importance, hormis celle de me faire passer pour le genre "bon samaritain un peu crétin". Le genre que je détestai en résumé. Je décidai donc silencieusement de lâcher l'affaire.

-En matière d'aide, hormis si tu as dans le futur des relations qui auraient besoin d'une main armée pour quoique ce soit, je ne vois pas petit. Ensuite, pour la confiance, saches que je ne fais confiance à personne, donc tu n'es pas discriminé par rapport au reste, fit elle avec un sombre sourire. Tu peux me retrouver la plupart du temps dans les auberges, ou les hôtels. Je ne suis pas bien difficile à trouver avec un peu de recherche. Je compte d'ailleurs rester ici quelques jours avant de bouger. Mais c'est plutôt des employeurs qui viennent me voir, si tu vois ce que je veux dire...

Elle se demanda ensuite ce que ce jeunôt allait devenir avant de revenir à sa placidité habituelle. Cela n'avait que peu d'importance au fond. S'il réussissait dans sa vie, tout irait bien dans le meilleur des mondes. Mais le monde était pourri pour Fael, donc elle ne s'attendait pas à grand chose. Soit il lui foutrait la paix avec un peu de chance, soit il pourrait lui apporter quelque chose d'intéressant. Soit il ferait bientôt parti des enfoirés qu'elle avait l'habitude de traquer. Étrangement, elle pariait pour la troisième option pour le moment.

Ne vous attendez à rien, sinon au pire était un peu sa devise. Oh, ce n'était pas qu'elle était foncièrement pessimiste. Elle croyait encore en certaines choses. Mais elle les passait sous silence la plupart du temps.

etit...Elle continuait à cracher son arrogance...Mais étrangement, il n'arrivait pas à s'y attacher. C'était comme si elle faisait preuve de faiblesse envers lui et...Cela le faisait plutôt sourire qu'autre chose. Cela importait peu...Encore moins quand elle parlait de réseau relationnel...Elle ne le pensait même pas capable d'ouvrir un livre. Il aurait put en rire mais il préféra se parler.

-Nous verrons bien. Cependant, je commence à penser que ma compagnie t'indispose

Il quitta donc le tabouret, regardant la salle un moment...Puis sa main. Il était encore réel...Il lui était plus simple de se concentrer une fois qu'il c'était nourrit de cette énergie. Il aurait dut y penser. Il n'était un produit de la Res quelque part...Dans les confins, cette énergie était partout...C'était si évidant et en même temps, il n'avait pas put le déterminer de lui même.

- De toute façon, je pense que le destin se chargera de notre possible prochaine rencontre...Ou peut être ne croiseront plus jamais nos routes.

Le destin...Une étrange notion pour un être aussi chaotique qu'il ne l'était. Mais c'était assez amusant de l'évoquer. Il leva la main d'un sourire et tourna sa tête vers Fael en fermant les yeux.

- A plus tard donc ! Merci pour tout...Même si cela ne signifie pas grand chose pour toi.

Il attendit quelques secondes...Le temps d'une réponse, avant de commencer à disparaitre parmi la foule. Sa destination ? Les artères principales de la ville lui semblait une bonne idée pour le moment...Le reste devrait attendre un moment...

=> Vers : Sud - Place Principale

-Nous verrons bien. Cependant, je commence à penser que ma compagnie t'indispose.
...
-De toute façon, je pense que le destin se chargera de notre possible prochaine rencontre...Ou peut être ne croiseront plus jamais nos routes.
...
-A plus tard donc ! Merci pour tout...Même si cela ne signifie pas grand chose pour toi.

Elle ne répondit rien, se contentant de sourire et de secouer la main en guise d'au revoir, le laissant sur ces impressions "assez" négatives. Quand il quitta l'auberge, elle put rabaisser la main et de se décrocher de son sourire, en sachant pertinemment qu'elle l'avait vexé. Le meilleur, c'est que ce fut dans un sens qu'elle n'avait pas pensé, mais à quoi bon? Le résultat était le même, partiellement faussé mais le même.

Il faut bien que jeunesse se passe. Il oubliera vite, comme le reste.

Il n'avait apparemment pas décelé le message derrière ses propos, et se gargarisait déjà d'une certaine importance aux yeux de la mercenaire. S'il savait, il serait davantage déçu. C'était la moindre des décences de lui laisser encore un brin d'illusion. Oui, ils se reverraient peut-être mais Fael n'aimait pas les paris sur l'avenir, surtout quand ils étaient incertains.

-Un autre verre d'eau, tenancier! commanda t'elle un peu en arrière.

Parler donnait soif. Elle attendit sa demande avant de boire son verre doucement, les coudes posés. Après une gorgée, elle reposa son verre et elle fixa le comptoir, un peu évasive. Il lui faudrait rapidement un autre travail. Non pas que le salaire obtenu de Graccio ne lui permettait pas un certain confort matériel pour un temps... Non, Fael n'aimait pas l'inactivité, de devoir se retrouver seule dans ses pensées, dans ses souvenirs amers. Pour certains, c'était l'alcool qui les faisait oublier. Pour elle, c'était son arme.

Chacun sa putain de méthode...

Et pire que tout, elle ne voulait pas se retrouver à penser à ça. Elle fixa sa main qui tremblait instinctivement avant qu'elle ne referma fermement les doigts. Cela lui arrivait parfois, depuis ce jour où elle avait pris connaissance des risques qu'elle pouvait encourir à chaque instant...

Un homme s'assit alors à côté de la mercenaire en lui lançant un sourire flamboyant.

-La vie est dure, hein?

Il était habillé d'un costard noir et d'une cravate, jurant avec le décor "vieille époque" de l'auberge, blond, gel dans les cheveux et regard vert de lynx. Il s'était accoudé au comptoir et affichait à ses mains des mitaines qui tranchaient avec son apparence si chic.

-Toutes mes excuses, j'ai entendu un peu de votre conversation avec votre ami et j'ai entendu le mot "mercenariat". Y'aurait il une chance qu'une beauté comme vous sache tenir les armes?

Railleur, il porta la main dans sa veste et en sortit un paquet de cigarette d'où il sortit avec un geste adroit une cigarette blanche qu'il porta à ses lèvres. Il rangea après ce paquet et enleva ce qui le gênait de parler en la tenant entre deux doigts.

-Ah ah, je vous taquine! Une mauvaise habitude, mais j'ai un bon oeil pour reconnaître ce que font les gens et vu votre look...

Il lui tendit alors la main en inspirant un coup.

-En fait, je m'appelle Uriel Joffran, chercheur de talents, ravi de vous rencontrer.

Fael regarda en coin l'homme qui s'était assis près d'elle de façon assez dubitative. Son comportement exubérant et sa tenue décalée ne lui inspirèrent que la méfiance.

En même temps, de qui tu ne te méfies pas, ma belle?

Toutefois, elle lui serra la main avec un sourire professionnel mais mi-figue, mi-raisin. Ses doigts exercèrent une poigne ferme, autant qu'il sache à quel genre de personne il avait affaire s'il était aussi observateur qu'il le prétendait.

-La vie est dure pour tout le monde, si vous voulez aller dans les stéréotypes pompeux. Mais vous avez raison pour le reste. Fael Hazrayen, mercenaire à mes temps perdus, qui sont plutôt nombreux en fait. Enchantée.

Non, elle ne le sentait décidément pas ce type mais autant faire bonne figure. Et puis, elle était curieuse de savoir ce qu'il lui voulait. Surtout à elle, une femme. Le métier était plutôt difficile dès qu'on émettait l'hypothèse qu'une femme pouvait tenir les armes. Rabattant donc sa main autour de son verre vide, elle lui demanda.

-Alors, qu'est ce que je peux faire pour vous, Uriel?

-Je ne fume pas, ajouta t'elle sobrement.

Étrangement, elle n'avait jamais été attiré par la boisson ou par les cigarettes. Certains avaient tentés de l'initier, prétextant que ça aidait à oublier et à profiter du temps présent. Surtout dans sa voie actuelle.

Encore faut il qu'on ait envie d'oublier... Non, je n'avais pas envie d'oublier. De plus, j'estimais déjà mon espérance de vie assez faible, il m'était normal d'éviter de la raccourcir par des expédients aux effluves mortelles. La pluie avait cessé au-dehors et mon premier jour d'arrivée dans la Cité Piège promettait d'être plus distrayant que je ne le prévoyais. C'était à croire que tout me ramenait ici, dans cette ville.

Sur cette pensée, elle enchaîna alors nonchalamment sur les dires d'Uriel, ses doigts et son regard se posant sur le dessus de son verre vide.

-Un problème, hein? dit elle en tournant à nouveau la tête vers l'homme. Je n'ai pas pour habitude de laver le linge sale des autres sans une raison valable.

Elle lâcha alors le verre et son coude se réappuya sur le comptoir, ses yeux plantés dans ceux d'Uriel, observant ce dernier silencieusement.